Minute pastorale – No. 238

    « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur » (Dt 30, 14)

    Cette Parole de Dieu n’est pas hors de ton atteinte. Elle n’est pas dans les cieux, elle n’est pas cachée au-delà des mers, elle est tout près de toi, cette Parole,  elle est dans ta bouche et dans ton cœur.

    C’est un extrait de la première lecture du dimanche, le 15 juin dernier (2025). Cette parole de Dieu est tellement près de toi qu’elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Ce verset de l’Écriture me parle d’une sainte communion avec la parole; tout comme je reçois le Pain de vie dans ma bouche et qu’elle descend dans mon coeur, il en est ainsi quand je communie à la Parole de Dieu parce que cette Parole est Jésus, le Verbe fait chair. Dans l’Évangile, Jésus a répondu à Satan qui le tentait : «L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

    Non seulement écouter mais communier à la Parole, c’est la manger et la laisser descendre dans notre cœur. Le prophète Jérémie (15, 16) écrit ceci : «Quand je rencontre tes paroles, Seigneur, je les dévore.» De même Ezéchiel se voit inviter à manger le rouleau de la parole : «Fils d’homme, ce qui t’est présenté, mange-le… J’ouvris la bouche et il me fit manger ce rouleau… nourris-toi et rassasis-toi de ce rouleau que je te donne… Je le mangeai et dans ma bouche, il fut comme du miel (3, 1-3). L’apôtre Jean, auteur de l’Apocalypse voit un ange qui descendait du ciel tenant dans la main un petit livre ouvert…«Va, prends le livre ouvert dans la main de l’ange et il me dit : ‘Prends et mange-le’ (Ap 10, 1-2. 8-10).» Tout comme je me nourris de l’Eucharistie pour aller annoncer Jésus, je me nourris de sa Parole pour la mettre en pratique et pour la porter à mes frères et sœurs.

    Quand nous célébrons l’Eucharistie, nous communions au Corps et au Sang du Christ; quand nous participons à une célébration de la Parole, nous communion à la Parole de Dieu. Jésus est présent et dans sa parole et dans son pain de vie. Il est donc normal que, dans l’église, le Livre de la Parole de Dieu soit exposé et mis en valeur par une lampe allumée, tout comme le pain de vie est déposé au tabernacle et souligné par une lampe allumée. Et nous pourrions nous prosterner devant ces deux signes de la présence réelle du Seigneur vivant parmi nous.

    Un grand nombre de chrétiens à travers le monde ne peuvent participer à l’Eucharistie. Pour différentes raisons le sacrement du Corps et du Sang du Christ ne leur est pas accessible; cela arrive même chez nous : des gens sont tenus de travailler le dimanche, un prêtre n’y est pas régulièremnt présent, le lieu où l’on célèbre l’Eucharistie trop éloigné… Alors les chrétiens personnellement ou en petits groupes ont toujours accès à la Parole de Dieu, (Elle est près de toi) en l’écoutant et en l’accueillant dans leur bouche et dans leur cœur. Ainsi, comme l’affirme le Concile, c’est d’abord la Parole de Dieu qui rassemble et nourrit la communauté.

    Chez nous, au Québec, il nous faut avouer que nous boudons les célébrations de la Parole, lorsque la messe ne peut avoir lieu. Pourtant le Christ nous y invite pour l’écoute et la communion à sa Parole de Vie.

    Je vous partage ce texte de Maurice Zundel, prêtre d’origine suisse, auteur de nombreux ouvrages, d’articles, de conférences et de retraites, admirateur de François d’Assise, affirme ceci :

    Nous connaissons bien la table de l’eucharistie où Dieu nous nourrit de son pain. Mais ce pain, sacrement du Corps du Christ, dont nous sommes peut-être devenus des «obèses», si je peux m’exprimer ainsi, demeure un «pain réservé», un « sacrement réservé». Nous n’y avons pas tous accès même si autour de nous, il y a des affamés de ce pain.
    Il y a une autre table également sacramentelle, qui est accessible à tous, croyants ou pas, c’est celle de la Parole de Dieu… Elle nous fait toucher le Verbe de Vie. En lisant l’Écriture, nous sommes devant une présence réelle du Seigneur comme en participant à l’eucharistie, nous nous retrouvons devant la présence réelle de Jésus dans les saintes espèces.

    Saint Jérôme (747-420) affirme lui aussi que

    la chair du Seigneur étant une vraie nourriture et son sang un vrai breuvage, notre seul bien, c’est de manger sa chair et boire son sang, non seulement dans le mystère eucharistique, mais encore dans la lecture de l’Écriture (Lettre 53 à Paulin).

    Que cette réflexion puisse nous aider à vivre nos célébrations de la Parole comme un moment de réelle communion avec Lui.

    Jean-Pierre Joly, ptre
    (août 2025)